28 février 2007

Les Palestiniens de Naplouse sous pression, entre deux incursions de l'armée israélienne


LE MONDE | 28.02.07 | 14h26 • Mis à jour le 28.02.07 | 14h26
NAPLOUSE ENVOYÉ SPÉCIAL

Après deux jours de couvre-feu, les habitants de Naplouse avaient constaté, mardi matin 27 février, que, contre toute attente, les soldats israéliens avaient quitté cette cité du nord de la Cisjordanie. La vie avait donc repris ses droits. Le nettoyage de la casbah, au centre ville, avait commencé. Les bulldozers avaient enlevé les remblais de terre mis en place par Tsahal. Les boutiques avaient rouvert leurs portes et les commerçants s'affairaient à remettre en ordre les portes métalliques endommagées.


Même sans la présence des soldats, les habitants s'aventuraient avec précaution. L'opération "Hiver chaud" était censée durer plusieurs jours. Beaucoup pensaient que l'armée allait revenir. Certains en ont profité pour faire des provisions. Mercredi matin, avant l'aube, les soldats sont en effet revenus pour finir leur travail de "nettoyage".

Naplouse est considérée par les autorités israéliennes comme un bastion du "terrorisme palestinien". C'est "une bombe à retardement", "un noeud de la terreur", affirme le major Avital Leibovitch, porte-parole de l'armée. Il précise que sur 170 "terroristes potentiels", arrêtés en 2006, 119 venaient de Naplouse et qu'au cours des six derniers mois, neuf ceintures explosives sur onze ont été fabriquées dans cette ville. Pour mettre un terme à "cette activité terroriste croissante", l'armée a donc réinvesti la casbah afin de démanteler les "laboratoires" de fabrication de bombes et d'arrêter les individus considérés comme les plus dangereux.

Sept noms, pour la plupart des membres des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, groupe armé proche du Fatah, ont été diffusés sur As-Sanabel, une chaîne de télévision de Naplouse dont Tsahal avait pris le contrôle dans la nuit de dimanche à lundi. "Ils sont venus à 3 heures du matin et ont utilisé notre canal de diffusion pour communiquer avec la population, raconte Raida Breik, épouse du directeur de la chaîne. Puis, ils ont embarqué tout le matériel et ont arrêté mon mari, Naghib. C'est la deuxième fois que cela se produit. Ils maintiennent constamment la pression."

Mardi, des activistes des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa rencontrés dans la rue se déplaçaient avec précaution. L'un d'eux estimait que des tireurs d'élite israéliens étaient toujours dissimulés et ajoutait que des maisons avaient été réquisitionnées, avec leurs habitants, pour surveiller la zone. "Leur opération a été un échec, affirmait-il en montrant un bâtiment dont l'entrée avait été forcée et les pièces totalement vidées. Ils n'ont arrêté aucun des sept (hommes qu'ils recherchaient). Ils sont dans l'incapacité de contrôler un secteur pareil."

Selon les témoins, les maisons ont été fouillées et les familles rassemblées dans une seule pièce. Il y a eu des arrestations parmi les hommes âgés de 16 à 45 ans. Les suspects ont été emmenés dans l'école des filles. Les salles de classe ont servi de centre d'interrogatoire, et la cour de récréation a été utilisée comme parking pour les véhicules blindés. Deux femmes de ménage s'activant à remettre de l'ordre, montraient les dégâts causés : "C'est la cinquième fois que (les Israéliens) transforment l'école en centre de détention et d'interrogatoire. Heureusement, cette fois, ils ont fait moins de casse. Mais, après leur passage, il restait des monticules de détritus. Il a fallu faire venir un engin pour tout débarrasser."

Jusqu'à présent, "Hiver chaud" a été moins violente que d'autres incursions israéliennes. Des traces de combats subsistaient ça et là. Les vitres d'un bâtiment municipal dominant la Casbah avaient été brisées par les tirs. Des parpaings jonchaient le sol, réminiscences des tentatives de résistance face à l'infanterie israélienne.

Il y eu une quinzaine de blessés et une bavure : un homme de 51 ans, Adnan Al-Tibi, tué par un sniper israélien qui lui a logé une balle dans la gorge alors qu'il tentait de réparer son réservoir d'eau sur la terrasse. Son fils Ashraf, 20 ans, a eu le cou fracassé par une autre balle. "L'armée a prétendu qu'il s'agissait de personnes armées sur le toit. Tout cela est une excuse", s'indigne Amani, la soeur de la veuve. Mercredi, avec le retour de Tsahal, le couvre-feu a de nouveau été imposé. Pour combien de temps ?

Michel Bôle-Richard
Article paru dans l'édition du 01.03.07.

Israeli operation will continue and expand.

Nablus - Ma'an - Date: 28 / 02 / 2007 Time: 10:08

The Israeli forces renewed their 'Operation Hot Winter' in the city of Nablus, in the north of the occupied West Bank, on Wednesday morning.

Palestinian security sources informed Ma'an News Agency that the renewed Israeli military incursion into the city began at 2.30 am on Wednesday morning. At least 120 military vehicles were observed entering the city, accompanied with bulldozers and armoured jeeps.

The director of the Palestinian Medical Relief Services in the city, Dr. Ghassan Hamdan, told Ma'an via telephone that the Israeli forces besieged three hospitals in the city, Ittihad Hospital, Al-Watani Hospital and Rafidia Hospital. He added that the Israeli forces deployed many military jeeps in the areas surrounding the hospitals including outside the gates of the hospitals. He added that the Israeli forces were banning the Palestinian ambulances from moving and from approaching the hospitals.

The Israeli forces imposed a curfew again on the city. All Palestinians were instructed to stay at home. The city's An-Najah University also announced a suspension of study in the university and the education directorate also announced that all schools in Nablus city would be closed Wednesday.

Palestinian security sources reported that the Israeli forces arrested the relatives of many so-called 'wanted' Palestinians in an attempt to pressurize the 'wanted' to surrender. Among those arrested were the mother of Amin Labbada, who is reportedly 'wanted' by the Israeli authorities; family members of Sufian Qanadilo, another 'wanted' Palestinian; and family members of Mahdi Abu Ghazala.

Eyewitnesses told Ma'an that the Israeli troops forced many Palestinian families in the Aqaba neighborhood of Nablus to evacuate their homes before then occupying the houses. These residential buildings were then transformed into Israeli military posts. Eyewitnesses said that the Israeli forces turned two schools in the city into military bases where they are interrogating Palestinians. One of the schools, Thafir Al Masri School, is located in the old city, and the other school, Al Fatimiyah School, is in the city center.

Ten Palestinian citizens were arrested in many parts of the city on Wednesday morning including a father of three sons, called Mahir Kharraz. The Israeli forces also arrested a student at An-Najah University, Ahmed Yusef Qa'u, 30. Qa'u is originally from the village of Kafr El-Dik, located southwest of Nablus in the Salfit governorate. The Israeli forces arrested Qa'u at his student residence near At-Takhasusi Hospital, a specialist medical centre, in Nablus, our correspondent in Nablus reported. Qa'u has previously been imprisoned by the Israeli forces but was released several years ago due to a lack of evidence against him.

Israeli sources said that the Israeli operation will continue and expand.

http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=19926

Nouvelle occupation

Ce matin, l'armée Israélienne a repris position dans la ville de Naplouse.

Les soldats sont à quelques rues du dispensaire.

La vieille ville est totalement bouclée.

Les hôpitaux sont à nouveau encerclés et bouclés par les soldats.

Notre équipe tente d'acceder au dispensaire pour le proteger et y maintenir une présence médicale.

Help Doctors, dénonce et condamne fortement cette nouvelle violation du droit humanitaire internationale faite à la libre circulation des blessés, malades et personnels soignants.

27 février 2007

Que ce passe t il à Naplouse ?

Par Ayman Al Shakaa, Coordinateur Help Doctors Palestine

La ville est morte, les gens ils ont peur de sortir de leurs maisons.

L'armée israélienne dit que l'opération n'est pas terminée.

La rumeur circulent qu'il y a des soldats cachés dans des maisons dans la vieille ville.

Les habitants attendent le retour de l'armée, une terrible atmosphère de terreur et d'attente plane sur la ville.

Le dispensaire a reçue 12 personnes aujourd'hui, pour la plus part des enfants

Lent retour à la normale à Naplouse après le retrait israélien

Par Imad SAADA (AFP)

Les habitants de Naplouse, en Cisjordanie, contraints à se terrer chez eux pendant deux jours d'opérations militaires israéliennes, ont lentement renoué mardi avec leur quotidien après le retrait des soldats.

Des engins de la municipalité s'affairaient à raser des remblais de terre érigés par les soldats israéliens aux entrées de la casbah, la vieille ville de Naplouse où l'armée israélienne a concentré ses opérations avant de s'en retirer lundi soir.

Après deux jours de couvre-feu, les commerçants ont progressivement rouvert leurs magasins. Certains ont dû faire appel à des forgerons pour réparer les portes métalliques endommagées ou défoncées par les blindés israéliens.

Craignant un retour de l'armée israélienne, de nombreux habitants se sont rués vers les épiceries pour faire des provisions. Etudiants et écoliers ont repris le chemin de leurs établissements.

Un chef des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, issues du Fatah, a affirmé que l'opération, en dépit des dévastations qu'elle a provoquées, avait été "un échec".

"Nous avons été surpris par l'ampleur de l'opération mais aucun combattant n'a été arrêté ou blessé", a-t-il affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat.

L'armée israélienne s'était retirée lundi soir de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, où elle avait lancé dimanche à l'aube une vaste opération durant laquelle un civil Palestinien a été tué et une dizaine d'autres personnes blessées.

Selon des témoins, toutes les jeeps militaires se sont retirées et aucun soldat en uniforme n'était plus visible mardi dans les rues de Naplouse, notamment dans la casbah.

En dépit du retrait des soldats, l'armée israélienne s'est refusée à confirmer la fin de l'opération, baptisée "hiver chaud".
"L'opération se poursuit mais je ne peux pas donner de détails", a déclaré mardi à l'AFP un porte-parole militaire.

Les soldats israéliens avaient effectué des perquisitions de maison en maison et pris le contrôle de plusieurs bâtiments. Des échanges de tirs sporadiques ont opposé les militaires à des combattants palestiniens, la casbah étant un bastion des groupes armés.

Les soldats avaient en outre pris d'assaut les locaux d'une chaîne de télévision locale, Al-Sanabel, et confisqué l'émetteur et des ordinateurs. Le propriétaire de la station, Nabigh Breik, a été arrêté, selon des sources de sécurité palestiniennes.

Le général israélien Yaïr Golan, commandant de la division chargée de la Cisjordanie, avait affirmé lundi soir que l'armée resterait "tant qu'il le faudrait pour lever la menace que fait peser sur le coeur d'Israël la présence de terroristes à Naplouse".
Selon lui, l'an dernier, 117 des 160 jeunes Palestiniens arrêtés en Cisjordanie et qui voulaient devenir des "martyrs" en préparant des attentats suicide en Israël, venaient de Naplouse.

"Plusieurs dizaines de Palestiniens ont été arrêtés, dont certains seront transférés dans des prisons", depuis le début de l'opération, a-t-il dit tout en admettant que sept Palestiniens recherchés n'avaient pas encore été capturés.

Selon lui, quatre caches d'armes où se trouvaient des engins explosifs ainsi que des ceintures utilisées par des kamikazes ont été découvertes.

Le président palestinien Mahmoud Abbas avait condamné l'opération et appelé le gouvernement israélien "à retirer immédiatement son armée de Naplouse".

Le Premier ministre désigné membre du mouvement islamiste Hamas, Ismaïl Haniyeh, a pour sa part dénoncé "une campagne criminelle" de l'armée israélienne.

Ouest France, Mardi 27 février 2007

Israeli army withdraws from streets of Nablus


Date: 27 / 02 / 2007 Time: 12:34
http://www.maannews.net/en/index.php?opr=ShowDetails&ID=19896

Nablus - Ma'an - Three days after the launch of 'Operation Warm Winter', the Israeli troops appear to have withdrawn from the centre of the West Bank city of Nablus on Tuesday morning.

The inhabitants are cautiously venturing back into the streets and shopkeepers are returning to their stores, where they are finding their doors broken and the contents of their shops ruined, our correspondent in Nablus has reported. The people of Nablus are still afraid that the Israeli forces might return to the city suddenly, especially after an Israeli officer announced that the Israeli military operation is still ongoing.

Palestinians in the city have also participated in burying the body of Anan Tibi, 42, who was killed by the Israeli forces on Monday. They took his body from Rafidia hospital to his house and then to the cemetery on Tuesday morning.

Palestinian security sources have warned the city's inhabitants to remain alert as there might be some soldiers hidden in the old city.

One of the so-called 'wanted' men said that the operation failed as the Israeli forces failed to arrest any of the "wanted Palestinians". He said that they are all safe and are threatening to continue their resistance and struggle against Israel.

From their side, the Israelis claim that they have arrested five 'wanted' men and discovered three laboratories for explosives in the city.

The Israeli forces conducted a fierce incursion of the city from Sunday morning to Tuesday morning. They imposed a strict curfew on the city, including blockading the city's hospitals, and occupied several residential homes. A school was converted into a detention and interrogation centre.

The Israeli troops faced fierce resistance in the streets of the old city at the start of the siege. Two Israeli soldiers were reportedly injured on the first day and many Israeli vehicles were damaged.

(Photo : Palestinian Paramedics try to rid wounded youth from Israeli soldiers inside the Old city of the West Bank city of Nablus February 26, 2007. MaanImages/Rami Swidan)

26 février 2007

2e Jour d'occupation

Par M. Ayman Al Shakaa, Coordinateur Help Doctors Palestine, à Naplouse

Couvre feu, jour 2,
Couvre feu, pluie, froid, stress … et la liste n'arrête pas ici.
Aujourd'hui l'armée israélienne est plus violente qu'hier, un homme de 50 ans a été tue et son fils bléssé.
J'ai contacté le maire de la ville pour demander son aide pour ouvrir le dispensaire, il était d'accord de nous aider a rentrer dans la vielle ville avec les pompiers, et j'ai propose a MSF de venir travailler avec nous dans la vielle ville, c'est ok. Mais après avoir consulté avec quelque personnes, aujourd'hui c'est très dangereux, nous allons ouvrir le dispensaire demain.

Occupation et Droit International Humanitaire

L’occupation et le droit international humanitaire : questions et réponses


1. Qu’est-ce que l’occupation ?

L’article 42 du Règlement de La Haye de 1907 dispose qu’un « territoire est considéré comme occupé lorsqu’il se trouve placé de fait sous l’autorité de l’armée ennemie. L’occupation ne s’étend qu’aux territoires où cette autorité est établie et en mesure de s’exercer ».

D’après leur article 2 commun, les quatre Conventions de Genève de 1949 s’appliquent à tout territoire occupé pendant un conflit armé international. Elles s’appliquent aussi si l’occupation du territoire d’un État ne rencontre aucune résistance armée.

La légalité de toute occupation est régie par la Charte des Nations Unies et la branche du droit connue sous le nom de jus ad bellum. Dès l’instant où la situation équivaut à une occupation de fait, le droit de l’occupation est applicable, que l’occupation soit considérée comme légale ou non.

Par conséquent, s'agissant de l’applicabilité du droit de l’occupation, il importe peu que l’occupation ait été approuvée par le Conseil de sécurité, que l’on connaisse son objectif ou qu’elle soit en fait appelée « invasion », « libération », « administration » ou « occupation ». Le droit de l’occupation étant essentiellement fondé sur des considérations humanitaires, seule la réalité sur le terrain détermine son application.

2. Quand le droit de l’occupation devient-il applicable ?

Les règles du droit international humanitaire se rapportant aux territoires occupés deviennent applicables lorsque le territoire se trouve placé sous le contrôle effectif de forces armées étrangères hostiles, même si l’occupation ne rencontre aucune résistance armée et qu’il n’y a pas de combats.

La question du « contrôle » donne lieu à au moins deux interprétations différentes. Une première interprétation serait qu’il y a une situation d’occupation quand une partie au conflit exerce une certaine autorité, ou un certain contrôle, sur un territoire étranger. Ainsi, par exemple, des troupes qui avancent en territoire étranger pourraient, lors de l’invasion déjà, être considérées comme liées par le droit de l’occupation. C’est l’interprétation que propose le CICR dans son Commentaire de la IVe Convention de Genève.

Une autre interprétation, plus restrictive, serait de dire qu’il n’y a de situation d’occupation que lorsqu’une partie au conflit peut exercer sur un territoire ennemi l’autorité suffisante lui permettant de s’acquitter de toutes les obligations qui découlent du droit de l’occupation. Cette interprétation est adoptée par un certain nombre de manuels militaires.

3. Quels sont les principes les plus importants qui régissent l’occupation ?

Les obligations de la puissance occupante sont énoncées dans le Règlement de La Haye de 1907 (art. 42-56) et dans la IVe Convention de Genève (CG IV, art. 27-34 et 47-78), ainsi que dans certaines dispositions du Protocole additionnel I et dans le droit international humanitaire coutumier.

Les accords passés entre la puissance occupante et les autorités locales ne peuvent priver la population d’un territoire occupé de la protection accordée par le droit international humanitaire (CG IV, art. 47) et les personnes protégées elles-mêmes ne peuvent en aucun cas renoncer à leurs droits (CG IV, art. 8).

Les principales règles du droit applicable en cas d’occupation précisent que :

• L'occupant n’acquiert pas la souveraineté sur le territoire.

• L’occupation n’est qu’une situation temporaire et les droits de l’occupant se limitent à la durée de cette période.

• La puissance occupante est tenue de respecter les lois en vigueur dans le territoire occupé, à moins qu’elles constituent une menace pour sa sécurité ou un obstacle à l’application du droit international de l’occupation.

• La puissance occupante doit prendre des mesures en vue de rétablir et d’assurer, autant qu’il est possible, l’ordre public et la sécurité publique.

• Dans toute la mesure de ses moyens, la puissance occupante a le devoir d’assurer des conditions satisfaisantes d’hygiène et de santé publique, ainsi que d’approvisionner en vivres la population sous occupation et de lui dispenser les soins médicaux nécessaires.

• Les personnes civiles vivant dans un territoire occupé ne peuvent pas être enrôlées de force dans les forces armées de l’occupant.

• Les transferts forcés de personnes civiles, en masse ou individuels, à l'intérieur ou en dehors du territoire occupé sont interdits.

• Les transferts de ressortissants civils de la puissance occupante dans le territoire occupé, qu’ils soient forcés ou volontaires, sont interdits.

• Les peines collectives sont interdites.

• La prise d’otages est interdite.

• Les mesures de représailles à l’égard des personnes protégées ou de leurs biens sont interdites.

• La confiscation des biens privés par l’occupant est interdite.

• La destruction ou la saisie de biens appartenant à l’ennemi est interdite, sauf si elles sont absolument nécessaires pour des raisons d’ordre militaire.

• Les biens culturels doivent être respectés.

• Les personnes poursuivies pour un délit pénal doivent bénéficier des procédures respectant les garanties judiciaires reconnues sur le plan international (par exemple, elles doivent être informées des motifs de leur arrestation, inculpées d’un délit spécifique et jugées de façon équitable dès que possible).

• Le personnel du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge doit être autorisé à mener à bien ses tâches humanitaires. Le CICR, en particulier, doit avoir accès à toutes les personnes protégées, en tout lieu, qu’elles soient privées de liberté ou non.

5. Territoires occupés

5 (a) Principes

Outre les règles générales contenues dans les articles 27 à 34 et développées ci-dessus, les règles spécifiques en situation d'occupation sont contenues dans les articles 47 à 78 de la IVe Convention. Toutefois, comme il a été rappelé plus haut, il faut également prendre en considération les normes du Règlement de La Haye, afin de saisir le sens et l'esprit de ces dispositions.

L'article 42 de ce Règlement décrit l'occupation comme suit : « un territoire est considéré comme occupé lorsqu'il se trouve placé de fait sous l'autorité de l'armée ennemie.»

Ainsi, l'occupation est une situation de plus ou moins longue durée, mais par essence temporaire, durant laquelle un territoire et sa population sont placés sous une puissance d'occupation. L'occupation n'entraîne aucun transfert de souveraineté [17].

L'occupation de guerre ne confère pas à l'État occupant « l'autorité étatique » sur la population du territoire occupé et sur ce territoire [18], mais entraîne uniquement une substitution provisoire et limitée dans la gestion du territoire et dans la responsabilité de créer des conditions nécessaires au développement de la personne humaine [19].

Ces principes ont été acceptés depuis le XIXe siècle. Sur le plan légal, le sort définitif d'un territoire occupé dépendait des termes d'un traité de paix. Dans l'intervalle, l'État occupant devait assurer l'ordre public et rétablir une vie aussi normale que possible pour la population occupée [20]. De nos jours, en vertu de la Charte des Nations Unies, l'acquisition de territoire par occupation ou annexion est illégale. L'idée sous-jacente est que l'occupation ne doit représenter qu'une phase transitoire qui ne peut prendre fin que par la restitution du territoire, ou exceptionnellement par d'autres solutions conformes au droit international.

L'occupant ne peut pas modifier le statut du territoire occupé. Administrateur de fait, il doit maintenir et laisser subsister les structures économiques, sociales et les coutumes. Il ne peut modifier les lois et les règlements en vigueur dans le territoire que dans les limites nécessaires pour lui permettre de remplir ses obligations en vertu de la Convention, et pour assurer l'administration régulière du territoire ou pour assurer sa propre sécurité (article 64). La puissance occupée conserve ses compétences législatives, administratives et juridictionnelles, étant entendu que la répartition des compétences entre État occupé et puissance occupante peut dans une certaine mesure être commandée par les nécessités de sécurité de cette dernière. Ainsi, l'État occupant est responsable du bien-être de la population protégée, et a le devoir d'un « good government » [21].

5 (b) Constatations

Dans le cadre de l'application de la IVe Convention à des territoires occupés, des abus et des violations précises ont pu être observés. En raison de certaines mesures prises à l'encontre des habitants, ce sont aussi les principes et l'esprit de la Convention tels que retracés ci-dessus qui ont été bafoués.

À noter que les occupations de longue durée ont provoqué des problèmes particuliers. À l'évidence, plus l'occupation perdure, plus il paraît difficile d'assurer un respect effectif de la IVe Convention. En effet, un développement du territoire est inévitable et même nécessaire. Cependant, l'État occupant doit promouvoir un développement normal ; celui-ci ne doit pas aboutir à une modification fondamentale de la nature du territoire occupé ou de sa population. En outre, un tel développement ne doit pas entraîner une dépendance du territoire occupé vis-à-vis de l'occupant.

5 (b) (iv) Prise en compte des impératifs militaires et de sécurité

Parallèlement à sa responsabilité de maintenir l'ordre dans les territoires occupés, la puissance occupante est en droit de veiller à sa propre sécurité. Les États ont pris en compte les nécessités militaires et les impératifs de sécurité dans la rédaction de la IVe Convention, en établissant un équilibre entre l'intérêt de la puissance occupante et les besoins de protection de la population.

Ainsi la puissance occupante peut-elle prendre des mesures de contrôle ou de sécurité nécessaires du fait de la guerre (article 27). Elle a le droit de constituer ses propres tribunaux militaires pour connaître de délits commis contre sa sécurité (article 64 et suiv.).

Dans les cas expressément prévus par la Convention, la puissance occupante peut soulever l'exception de sécurité. Par exemple, pour d'impérieuses raisons militaires, la population occupée peut être déplacée, ou au contraire, elle peut être retenue, même dans une région particulièrement dangereuse (article 49). Certaines destructions absolument nécessaires lors d'opérations militaires sont autorisées (article 53). Il convient cependant de toujours respecter l'équilibre entre les besoins de protection de la population, la pérennité de ses droits et les impératifs militaires et de sécurité.

En réalité, les États se réfèrent de façon extensive, et parfois erronée, à l'exception de sécurité et à l'état de nécessité, la raison d'État risquant alors d'envahir de façon arbitraire tous les domaines de la vie dans le territoire occupé. Par exemple, les mesures prises au nom du maintien de l'ordre ont paralysé la vie économique. Au nom de la sécurité, des terres cultivables ont été confisquées ou expropriées à des fins d'exploitation économique par les ressortissants de la puissance occupante, des maisons ont été détruites. L'accès aux champs et aux plantations a été entravé entraînant une dégradation de l'état nutritionnel dans certains villages. L'internement a été utilisé à d'autres fins que celles autorisées par la Convention ou pour contourner des procédures fixées par la loi (article 78).


4. Quels sont les droits de la puissance occupante à l’égard des biens et des ressources naturelles dans le territoire occupé ?

Biens privés

Les biens privés ne peuvent pas être confisqués par l’occupant.

Les vivres, médicaments et matériel médical ne seront réquisitionnés que pour les forces et l’administration d’occupation (c’est-à-dire, ni pour l’exportation hors du territoire occupé ni au bénéfice de personnes autres que les occupants, à moins que la réquisition soit nécessaire pour la population sous occupation elle-même) et seulement si les besoins de la population civile ont été pris en compte (CG IV, art. 55).

Biens publics

La puissance occupante peut saisir toute propriété mobilière de l’État de nature à servir aux opérations de guerre (Règlement de La Haye, art. 53).

L’occupant n’acquiert pas la propriété des biens publics immobiliers dans le territoire occupé, car il n’est qu’un administrateur temporaire. À condition qu’il respecte certaines restrictions concernant leur utilisation et leur exploitation, il peut néanmoins faire usage des biens publics, y compris des ressources naturelles, mais il doit sauvegarder le fonds de ces propriétés conformément aux règles de l’usufruit (Règlement de La Haye, art. 55).

5. Quand l’occupation prend-elle fin ?

Normalement, une occupation prend fin lorsque la puissance occupante se retire du territoire occupé ou en est chassée. Cependant, la présence prolongée de troupes étrangères ne signifie pas nécessairement que l’occupation continue.

Normalement aussi, un transfert de l’autorité à un gouvernement local – transfert qui rétablit le plein et libre exercice de la souveraineté – met un terme à l’état d’occupation, si le gouvernement accepte la présence prolongée de troupes étrangères sur son territoire. Néanmoins, le droit de l’occupation peut redevenir applicable si la situation sur le terrain change, c’est-à-dire si le territoire se trouve à nouveau « placé de fait sous l’autorité de l’armée ennemie » (Règlement de La Haye, art. 42) – en d’autres termes, sous le contrôle de troupes étrangères sans le consentement des autorités locales.

6. Quelle est la situation des personnes privées de liberté pendant et après l’occupation ?

Les prisonniers de guerre sont des personnes capturées, membres des forces armées et des milices associées, qui répondent aux critères fixés par la IIIe Convention de Genève (CG III, art. 4 A. 2) ; ils bénéficient des droits garantis par la Convention. Toute autre personne détenue dans un territoire occupé est protégée par la IVe Convention de Genève, sauf quelques rares exceptions telles que les ressortissants de la puissance occupante et de ses alliés. Cependant, aucune personne privée de liberté pour des raisons liées à la situation d’occupation ne peut être soustraite aux normes coutumières minimales garanties par l’article 75 du Protocole additionnel I.

Les prisonniers de guerre et les internés civils doivent être libérés sans délai à la fin des hostilités. Néanmoins, ceux qui seraient sous le coup d’une poursuite pénale pour un crime ou un délit de droit pénal pourront être retenus jusqu’à la fin de la procédure pénale ou jusqu’à l’expiration de la peine (CG III, art. 119, al. 5, CG IV, art. 133, al. 2). Jusqu’à leur libération et tant qu’elles sont sous l’autorité de l’occupant, toutes les personnes privées de liberté restent sous la protection du droit international humanitaire (CG III, art. 5, al. 1, CG IV, art. 6, al. 4).

7. Quel est le fondement des activités de protection du CICR en faveur des personnes privées de liberté pendant et après une occupation ?

Les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels confèrent au CICR le droit de visiter toute personne capturée pour des raisons liées à un conflit armé international, y compris dans les situations d’occupation (GC III, art. 9 et 126, GC IV, art. 10 et 143, Protocole additionnel I, art. 81).

Si la violence continue après la fin de l’occupation, les activités de protection du CICR ont les bases juridiques suivantes :

Dans les conflits armés non internationaux, le CICR fonde ses activités de détention sur l’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève (et sur le Protocole additionnel II, le cas échéant). L’article 3 établit le droit du CICR d’offrir ses services aux parties au conflit dans le but d’entreprendre des actions de secours et de visiter les personnes détenues pour des raisons liées au conflit.

Dans d’autres situations de violence interne, qui ne constituent pas véritablement des conflits armés, le CICR peut offrir ses services sur la base de son droit d’initiative prévu dans les Statuts du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (art. 5, par. 2, al. d, et par. 3)

AFP

L'armée israélienne poursuit son incursion à Naplouse "sans limite de temps"
25.02.07 | 23h46

L'armée israélienne poursuivait dimanche dans la soirée son incursion à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, qui a donné lieu à des échauffourées avec des Palestiniens, ont indiqué des sources militaires.

"L'incursion de l'armée à Naplouse, qui a commencé ce matin, se poursuit sans limite de temps", a déclaré à l'AFP une porte-parole de l'armée israélienne.


"Trois combattants palestiniens recherchés par Israël ont été arrêtés. Une trentaine d'autres Palestiniens qui participaient aux échauffourées ont été détenus pour être interrogés puis relâchés", a-t-elle ajouté.

Selon des sources médicales, huit Palestiniens ont été légèrement blessés lors des heurts avec les soldats israéliens. L'armée israélienne a de son côté indiqué que deux de ses soldats avaient été légèrement blessés.

Les soldats, arrivés dans le centre de Naplouse à bord d'une vingtaine de jeeps et véhicules blindés, ont imposé un couvre-feu et encerclé plusieurs bâtiments de la ville, y compris deux hôpitaux, ont indiqué des témoins.

Les forces israéliennes ont mené des recherches à l'intérieur des maisons pendant toute la journée, selon des sources de sécurité palestiniennes.

L'opération vise à découvrir des caches d'armes et d'explosifs et à arrêter des responsables d'attentats contre Israël, selon l'armée israélienne.

Elle intervient alors qu'un attentat suicide a été déjoué la semaine dernière à Tel-Aviv et que l'armée a dit avoir découvert à Naplouse samedi et dimanche deux laboratoires pour la fabrication d'explosifs.

Selon ce porte-parole, neuf centre clandestins de production de bombes ont été découverts par l'armée israélienne à Naplouse depuis 2006.

"Cette opération était nécessaire en raison d'informations selon lesquelles une cellule de terroristes se préparait à perpétrer des attentats en Israël", a déclaré Yaïr Golan, commandant de la division l'armée israélienne pour la Cisjordanie, dont les propos ont été rapportés par la radio publique.

Le bureau du président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié de "scandaleuse agression" l'incursion israélienne.

"Cette agression par le gouvernement d'occupation israélien revient à couper la route à tous nos efforts pour parvenir à la paix", a indiqué un communiqué du bureau du président palestinien.

Le gouvernement palestinien, dirigé par le Hamas, a quant à lui fait appel à la communauté internationale.

"La communauté internationale devrait comprendre que Israël, par sa continuelle politique d'agression dans les territoires palestiniens, menace toute chance de stabilité dans la région", a déclaré le mouvement islamiste dans un communiqué.

Le processus de paix est au point mort malgré l'activité diplomatique de ces dernières semaines, marquée notamment par la rencontre tripartite de lundi dernier entre le Premier ministre israélien Ehud Olmert, le président palestinien Mahmoud Abbas et la secrétaire d'Etat américaine Condoleeza Rice.

25 février 2007

COUVRE FEU



Par Ayman Shakaa, Coordinateur du Dispensaire Help Doctors à Naplouse

Couvre feu, ça nous manquait pas vraiment,

Hier, deux opérations militaires dans la ville, une la nuit et une l'après – midi, malgré ça, 19 malades sont tout de même venus au dispensaire.

Aujourd'hui, la ville s'est réveillée sous les annonces des hauts parleurs des jeeps de l'armée israélienne qui impose le couvre feu totale sur la vielle ville et ses environs.

Une grande opération militaire, plus de 80 véhicules de l'armée israélienne. Ce qui est nouveaux cette fois ci, l'armée a piratées les ondes des radios et télés locales pour transmettre des messages et des appelles au citoyens de la ville.

Les deux hôpitaux gouvernementaux, Al-Watani et Rafeedia, et un hôpital charitable, Ittihad, sont encerclés par l'armée, et toute entrée dans ces hôpitaux est contrôlée par l'armée.

L'armée annonce que l'opération va continuer plusieurs jours.