Les barrages en Cisjordanie, une "punition collective" (B'Tselem)
AFP 07.08.07 | 05h00
L'organisation israélienne de défense des droits de l'Homme B'Tselem a accusé mardi les autorités israéliennes en Cisjordanie occupée de se servir des barrages routiers comme d'une "punition collective" à l'encontre des Palestiniens.
Sous le motif d'assurer la sécurité, les barrages routiers "constituent une véritable punition collective", affirme l'ONG israélienne dans un rapport.
Selon cette enquête, l'armée israélienne a mis en place 43 barrages fixes et 455 autres obstructions de routes en Cisjordanie où 312 kilomètres de route sont partiellement ou totalement interdits aux Palestiniens.
"Les autorités israéliennes ont transformé le droit élémentaire à circuler librement en un privilège qu'Israël accorde quand il lui convient", affirme le rapport. "Si les restrictions de mouvement ont été imposées à l'origine pour des motifs sécuritaires, elles ont d'autres objectifs à présent, notamment la création d'un réseau routier +stérile+, c'est à dire sans Palestiniens, pour l'usage des colons et autres Israéliens", poursuit le rapport. Ces restrictions portent notamment sur la nationale 443 reliant la plaine côtière à Jérusalem, à travers la Cisjordanie, et sur la nationale 90 dans la vallée du Jourdain, deux voies à grande circulation que les Palestiniens n'ont pas le droit d'emprunter, sauf pour les résidents de Jérusalem-est annexée. L'organisation réclame la "levée de tous les barrages fixes et autres restrictions de mouvement en Cisjordanie" quitte à renforcer les contrôles aux passages vers Israël et en Israël même, en vue d'empêcher des attentats.
Elle dénonce la poursuite de la colonisation, la jugeant une "entreprise illégale" et propose qu'en attendant de démanteler les implantations, Israël "restreigne la liberté de circulation des colons pour leur propre sécurité au lieu de limiter celle des Palestiniens". En réponse, le ministère de la Justice israélien a affirmé que ces accusations étaient "sans fondement" et souligné dans un communiqué que les barrages ont permis ces dernières années "d'empêcher des milliers d'attaques terroristes". Le ministère reconnaît que le "déploiement des barrages est une cause de tracas" pour les Palestiniens, mais estime que le dommage est modéré compte tenu de leur efficacité sécuritaire. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert avait promis lors du sommet quadripartite de Charm el-Cheikh (Egypte) le 25 juin, de faciliter les déplacements des Palestiniens dans ce territoire. Selon la presse israélienne, ces promesses n'ont pas été tenues compte tenu de l'opposition de l'armée à un assouplissement du système de barrages, de crainte de favoriser ainsi la reprise des attaques armées contre des militaires et des colons ou des attentats suicide en Israël même.
Dès octobre 2005, l'armée israélienne avait commencé à tester un plan visant à interdire de façon permanente aux voitures palestiniennes d'emprunter certains axes routiers en Cisjordanie pour renforcer la sécurité d'un quart de million de colons vivant en Cisjordanie, sans compter 200.000 résidents israéliens de Jérusalem-est.
07 août 2007
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